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1689

Madame de Sévigné, Lettre à Madame de Grignan

La convenance de l'interprète au personnage

Dans cette lettre à sa fille datée du 21 mars, Madame de Sévigné énonce, avec l'éloge d'Esther, un principe de convenance entre le rôle d'une pièce et son interprétation par les acteurs – en l'occurrence, les demoiselles de Saint-Cyr.

Vous dites des merveilles sur Esther. Il est fort vrai qu'il fallait des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion ; la Champmeslé vous aurait fait mal au cœur. C'est cette convenance qui charmait dans cette pièce. Racine aura peine à faire jamais quelque chose d'aussi agréable, car il n'y a plus d'histoire comme celle-là. C'était un hasard et un assortiment de toutes choses, qui ne se trouvera peut-être jamais, car Judith, Booz et Ruth, et les autres dont je ne me souviens pas, ne sauraient rien faire de si beau. Racine a pourtant de l'esprit. Il faut espérer.

Sévigné, Correspondance, éd. R. Duchêne, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1985, vol. III, p. 549.


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